Dans l’esprit du grand public, la notion de « génie civil » apparait à la fois familière et floue. Elle fédère en effet des métiers et des domaines d’activités relativement connus mais assez différents. Appréhender la notion de travaux « publics » n’est d’ailleurs pas si simple car une partie de ces travaux sont exécutés pour des donneurs d’ordre privé et, dans la plupart des cas, l’accès au chantier ou à l’ouvrage terminé n’est pas public ! Le succès populaire des grands ouvrages tels que le tunnel sous la Manche ou le viaduc de Millau, où les visiteurs se comptent en dizaines de milliers, atteste une curiosité toujours renouvelée du public pour les grands travaux. Bertrand Lemoine, ingénieur diplômé de l’École polytechnique et de l’École nationale des ponts et chaussées, docteur en histoire, présente dans ses publications cette définition : « Le génie civil est une activité qui, à partir de l’expression d’une demande sociale inscrite dans un territoire donné (besoins de moyens de communication, de bâtiments de diverses natures, d’infrastructures…), développe une double culture technique :
- l’une d’essence conceptuelle
- l’autre de nature logistique.
Dans ce contexte, le génie civil apparait donc comme l’art des constructions appliqué aux travaux publics, c’est-à-dire la construction des routes, des ponts, des canaux, des chemins de fer, des digues, des barrages, des ouvrages portuaires, des aéroports, des réseaux de transport souterrain ou d’assainissement, et bien d’autres.
La genèse de la notion de génie civil Historiquement, l’appellation de génie civil s’est forgée en opposition au génie militaire. Le terme même de « génie » prend sa source dans « l’engin », qui renvoie lui-même à l’ingéniosité, du latin ingenium, c’est-à-dire la capacité d’inventer et de manœuvrer des engins. Au milieu du 18e siècle, le terme d’ingénieur se détache progressivement de son contexte militaire alors que se constitue un savoir spécifique. La spécificité des deux professions, architecte et ingénieur, s’affirme en France au tournant du 19e siècle avec la différenciation définitive des formations initiales. Dans de nombreux pays, l’architecte et l’ingénieur sont une seule personne de même formation. La finalité du génie civil est d’aménager un territoire pour en faciliter l’accès, la traversée, l’exploitation, l’usage des ressources potentielles qu’il contient, de créer un cadre de vie plus adapté aux besoins et aux aspirations des citoyens. Parmi les problèmes déjà d’actualité et qui vont se poser de plus en plus aux générations futures, on peut d’abord citer celui de la fourniture d’eau potable et son pendant, l’assainissement. En matière de transport, il existe un gisement de travaux considérables, car la demande est sans cesse accrue en matière de facilités de déplacement, grâce à l’ouverture plus facile des frontières, à l’élévation générale du niveau de vie, aux progrès techniques. D’où la nécessité d’adapter les réseaux existants à des trafics plus intenses et de proposer une offre de services multimodaux de plus en plus rendue nécessaire.