LES ESPACES INTERMÉDIAIRES DANS LE LOGEMENT COLLECTIF

A quels enjeux répondent les espaces intermédiaires aujourd’hui?

Les espaces intermédiaires sont presque systématiquement développés dans les opérations de logements collectifs, en revanche, les raisons pour lesquelles ils sont mis en place et les enjeux auxquels ils répondent ont évolué durant l’histoire de l’architecture. Ces problématiques influencent les espaces intermédiaires de différentes manières : elles définissent les espaces eux mêmes ou bien renforcent leur impact dans le projet. Ces dispositifs sont complémentaires aux logements, ils forment le prolongement d’un espace privé de l’habitat vers l’extérieur. Ils définissent de cette façon une transition entre espace public et espace privé. Les architectes conçoivent ces espaces sous différentes formes : loggias, terrasses, balcons, coursives, paliers communs, cages d’escaliers etc.

Aujourd’hui, ces dispositifs s’inscrivent dans les projets à travers de nombreux enjeux, certains sont fondateurs pour ces espaces et en définissent leurs fonctions comme par exemple : spatialiser une transition entre des espaces de différents degrés d’intimité, apporter des qualités d’usages ou encore produire une surface supplémentaire à celle du logement. D’autres enjeux appuient et justifient des fonctions complémentaires à ces espaces intermédiaires : la notion de «développement durable» ou de conception «bio-climatique», le rapport du dispositif à l’espace public qui en fait un espace «vitrine» pour l’image du concepteur, ou bien la réponse à un enjeu économique via son impact dans le coût du projet. Enfin, des enjeux apparaissent en lien avec les acteurs associés à ces espaces : architectes, maîtrise d’ouvrage et habitants.

Les problématiques évoquées ne sont pas comparables dans tous les dispositifs étudiés. En effet, elles dépendent du statut de ces lieux, certains sont des prolongements privés de la surface du logement (dédiés aux habitants de ce dernier uniquement) tandis que d’autre sont communs et constituent un sas avant d’entrer dans le logement. En ce sens les enjeux ne sont pas identiques, les différents degrés d’intimité mènent à appréhender la composition de l’espace de diverses façons.

« Le passage qu’offre l’ouverture dans une clôture permet la continuité spatiale entre deux univers. Ainsi, issue de la conjonction entre la limite et le parcours, l’ouverture est un seuil, qui réclame une ‘‘épaisseur’’. Il est un espace qui lie deux espaces différents. Il évoque et engendre des pratiques et des usages divers aux significations multiples. »

« L’architecture du logement ne peut plus faire abstraction des lieux réels, des personnes concrètes, des modes de vie pratiqués, s’exprimant à travers la perdurance des modèles culturels en même temps qu’à travers l’évolution des relations sociales et des rapports aux objets de consommation, pas plus qu’elle ne peut faire abstraction d’autres réalités économiques ou institutionnelles pesant lourdement sur la production du logement lui même. »

Comme D. Pinson l’explique ici, la question de l’usage en architecture ne peut être dissociée des espaces créés. Cette notion a été très présente tout au long de mon cursus à l’école d’architecture. Dès la première année, on questionne la conception de l’espace du point de vue de l’usager et des pratiques qui vont prendre place dans les lieux. L’usage est devenu pour moi, au fil des années d’apprentissage plus qu’une notion, une valeur et un principe pour penser le projet d’architecture. Cette notion est une des clefs de la conception architecturale, à prendre en considération dès les prémices du projet, elle est une manière pour moi de l’aborder de façon immédiate, directe et sensible.

Le rapport du projet à l’usage se retrouve à tous les niveaux : morphologie de l’espace (dessin en plan, coupe, élévation, etc.), mise en œuvre, détails d’assemblages, choix des matériaux. Ces éléments sont des outils à mettre au service de l’usage pour que l’espace architectural créé y réponde au mieux.

Arrivée au niveau du Master, le choix s’est donc imposé à moi d’intégrer un domaine d’étude qui s’appuie sur les façons d’habiter, et sur l’appréhension de la conception du projet avec les acteurs de ce dernier (élus, habitants, etc.).

La conception ne résulte pas uniquement d’une prise en compte de l’usage car il est très difficile d’appliquer à cette notion une forme architecturale ou une configuration spatiale. Je tiens simplement à appuyer ici ma position sur la conception architecturale de l’habitat : la prise en compte de cette notion est, pour moi, significative dans la conception d’un projet et particulièrement fondamentale pour le logement. L’usage ne définit pas seulement une fonction, il régit la conception et qualifie la pratique du lieu.

« L’hypothèse de l’utilité de la connaissance des usages pour une conception éclairée du projet ne dit rien du modus opérandi d’une prétendue séquence usage/programme/projet, c’est-à-dire de la traduction de l’usage en programme et de la commutation de celui-ci en projet. »3

Ce que J.M Léger exprime dans cette citation relativise le fait que la conception d’un projet d’architecture ne s’appui que sur le concept d’usage.

Ce dernier n’est pas formellement transposable en architecture, il dépend de l’interprétation du concepteur. En effet, la prise en compte et la connaissance



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