Dans la Rome antique, l’arène géante connue sous le nom d’amphithéâtre Flavien – que le monde moderne appelle le Colisée – comportait un système de trappes dans son plancher en bois recouvert de sable afin que les animaux sauvages puissent être amenés à la surface pour combattre (ou simplement manger) les gladiateurs ou les prisonniers qui attendaient. Il est donc historiquement approprié qu’un nouveau système de plancher en bois prévu pour les ruines du Colisée puisse s’ouvrir et révéler les structures souterraines du monument.
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Un concours colossal
Un concours de conception pour le nouveau projet de plancher du Colisée a été lancé fin 2020 par le ministère italien de la Culture, et le projet gagnant a été annoncé en mai.
Le projet de 15 millions d’euros (17,8 millions de dollars) devrait commencer plus tard cette année et être achevé au cours de 2023. Le concours a été remporté par une équipe de concepteurs comprenant le cabinet d’ingénierie et d’architecture Milan Ingegneria SpA, de Milan, et le cabinet d’architecture Labics Srl, basé à Rome. L’architecte Fabio Fumagalli, de Rome, participe également au projet, et Heinz-Jürgen Beste, de l’Institut archéologique allemand de Rome, fera office de consultant archéologique.
Le Colisée est exploité et entretenu par le Parco Archeologico del Colosseo, qui a été créé par le ministère de la culture pour exploiter et entretenir les ruines de l’arène et d’autres monuments dans les zones archéologiques centrales de Rome.
Achevé en 80 après J.-C., le Colisée est une structure de forme ovale faite de calcaire, d’une roche volcanique appelée tuf, de béton et de briques. Dans l’Antiquité, le Colisée s’élevait sur quatre étages et pouvait accueillir plus de 85 000 spectateurs. Près de 2 000 ans plus tard, il reste une attraction populaire à Rome ; avant la pandémie de COVID-19, il attirait plus de 20 000 visiteurs par jour, selon le dossier de presse du projet de plancher.
Maçonnerie et mécanismes
Le sol de l’arène mesure 86 m sur 54 m. Son revêtement d’origine reposait sur une série de murs en maçonnerie qui formaient les différents espaces souterrains, dont plus d’une douzaine de couloirs et diverses chambres, des cellules de détention et des cages, ainsi que des ascenseurs en bois – actionnés par un système de treuils et de poulies qui hissait les animaux et les personnes à la surface. Au fil des ans, le plancher en bois a été retiré et les espaces souterrains ont fini par être remplis de terre et de gravats. Les fouilles visant à rouvrir ces espaces souterrains, connus sous le nom d’hypogée, ont commencé au XIXe siècle et se sont poursuivies pendant la première moitié du XXe siècle. (Les visiteurs modernes peuvent visiter ces espaces souterrains).
Le nouveau sol de l’arène sera construit au même niveau que le sol d’origine afin de « s’intégrer parfaitement au monument », explique le dossier de presse du projet.
Le système de plancher sera composé d’éléments légers en acier inoxydable et d’une série de panneaux composites rotatifs et rétractables fabriqués à partir d’un noyau en fibre de carbone et recouverts d’un bois haute performance récolté de manière durable et traité pour accroître sa résistance et sa durabilité, explique le dossier de presse. Le matériau en bois nécessitera peu d’entretien et sera « résistant aux bactéries, aux insectes xylophages et à la détérioration causée par les conditions météorologiques défavorables. »
rendu du Colisée et du nouveau système de revêtement de sol
Plancher mobile
Le nouveau système de plancher s’appuiera sur les anciens murs de l’hypogée mais comportera plusieurs couches – dont des portions en polytétrafluoroéthylène et en chlorure de polyvinyle au sommet d’un tissu non tissé – pour « isoler chimiquement et physiquement les structures de maçonnerie souterraines et les rendre résistantes aux contraintes sismiques horizontales et aux forces dynamiques générées par les visiteurs marchant sur le sol de l’arène », selon le dossier de presse.
SCHÉMA DE LA MÉCANIQUE
Lorsqu’ils sont complètement déployés en position horizontale, les panneaux de bois, ou lattes, recouvrent entièrement l’espace de l’arène, créant un sol solide et praticable. Mais comme une sorte de store mécanisé, les lattes seront actionnées par des moteurs électriques qui pourront faire pivoter certains ou tous les panneaux vers le haut pour révéler les espaces souterrains et fournir une ventilation et un éclairage naturels.
Les lamelles peuvent être ouvertes et fermées dans différentes configurations, ouvrant une partie de l’hypogée à la fois ou se rétractant complètement pour exposer toute la structure souterraine à l’observation ou à l’accès des visiteurs ou des conservateurs. Le système sera également entièrement démontable pour les travaux de maintenance sans affecter les structures d’origine.
Le nouveau système de plancher sera télécommandé et pourra être activé plusieurs fois par jour.
Capteurs et aide à la conservation
Lorsqu’il sera fermé, le système de plancher fournira un éclairage artificiel aux zones souterraines et sera doté d’un système de récupération de l’eau de pluie pour les toilettes publiques. Des capteurs, gérés par un système d’intelligence artificielle, surveilleront les niveaux de température et d’humidité dans l’hypogée afin de garantir les conditions les plus appropriées pour la conservation des structures originales. Les capteurs interagiront avec un système de ventilation mécanique comprenant des ventilateurs électriques à vitesse variable installés dans 24 zones encastrées sur le périmètre de l’arène. Si nécessaire, les ventilateurs peuvent renouveler complètement l’air des espaces souterrains en 30 minutes seulement, précise le dossier de presse.
Ce système de microclimat sera également « capable de déterminer la configuration du sol de l’arène et de comparer les données des paramètres basés sur le temps, la durée, la quantité et le type de surface ouverte avec le système de gestion de la ventilation », selon le dossier de presse.
schéma
En définitive, le nouveau système de plancher de l’arène permettra « une meilleure conservation et protection des structures archéologiques dans les zones souterraines, tout en reconstituant l’aspect original du monument et le système complexe des zones souterraines », selon le dossier de presse