Construction terre crue

Préambule commun à tous les guides

L’utilisation de la terre crue dans les chantiers de bâtiments, qu’ils soient d’hier ou d’aujourd’hui, présente des avantages environnementaux et culturels de première importance. Faire connaître la terre, développer son utilisation et promouvoir ses atouts, contribue à la réduction de l’impact environnemental du secteur du bâtiment. Cette démarche permet d’autre part des restaurations de qualité, à la fois performantes et respectueuses de l’architecture du bâtiment, ainsi que la valorisation du patrimoine bâti.

Les terres résultent d’une transformation de la roche mère sous l’influence de divers processus physiques, chimiques et biologiques liés aux conditions climatiques et à la vie animale et végétale, opérant sur des temps géologiques longs. Elle est constituée physiquement de grains de tailles très variables dont les plus fins, constitutifs de l’argile, ont des capacités de collage importantes issues de leur forte affinité avec l’eau. Ainsi, au sein du matériau terre, l’argile, quand elle est mélangée à l’eau, enrobe les grains de taille supérieure et les tient ensemble dans une matrice. Après séchage, elle constitue le principal agent de cohésion de la terre. Le matériau terre est recyclable, et continuera à l’être pendant longtemps -parce que les liaisons sont réversibles- si la terre n’est pas mélangée à des matières non recyclables.

La terre est utilisée depuis bien longtemps par les humains pour construire leurs abris. En France, une partie significative du patrimoine en élévation date au minimum des 15ème-16ème siècles (bâti en colombage-torchis, en terre massive, …). Le fait probablement le plus remarquable est que les humains ont mis au point des méthodes de construction à base de terre crue très diverses, accordées à des fonctions et des formes architecturales tout aussi variées.

Ces bâtiments sont en lien avec le sol local. Ceux qui nous sont parvenus sont pérennes. En effet, les constructions encore en usage aujourd’hui témoignent de l’immense pertinence des acteurs anciens qui ont su empiriquement, au fil des générations, retenir et transmettre tout ce qui constituait leur savoir-faire sur la construction en terre.

Cette diversité du paysage bâti est en effet à mettre en lien avec l’existence de « bonnes pratiques », reconnues par les entreprises de construction en terre et essentielles à la durabilité du bâtiment. C’est ce que les présents guides s’attachent à présenter.

Les guides de bonnes pratiques mettent à disposition des lecteurs du 21ème siècle l’état des connaissances sur les pratiques et les mises en œuvre diverses, reconnues et validées par les praticiens du bâtiment. Ils traitent de la partie émergée de l’iceberg des connaissances. Donc, ce qui n’est pas traité ici ne doit pas être considéré comme interdit, tant les techniques de construction à base de terre crue ont été et sont variées.

La diffusion de ces connaissances, objet des guides, s’adresse principalement aux professionnels non encore sensibilisés, afin que leur regard et leur pratique évoluent. Mais ces guides peuvent aussi intéresser les praticiens expérimentés qui souhaitent parfaire ou ordonner leurs savoirs et savoir-faire. Ces guides se veulent également être des documents de référence qui permettent aux acteurs de disposer d’un corpus technique favorisant les échanges entre eux et l’assurabilité de leurs réalisations comportant de la terre crue.

Il est à remarquer que les techniques de la construction en terre, qui nécessitent peu ou pas de mécanisation, vont dans le sens d’une culture du développement soutenable qui appelle à la modération de la tendance mécaniste et à un retour vers plus de travail humain, alors même que la pression économique incite à l’utilisation grandissante de machines. Ceci n’est toutefois valable que pour les mises en œuvre traditionnelles pas ou peu mécanisées. Pour les autres modes de mise en œuvre, il est important de mesurer leur impact environnemental. Cette démarche de sobriété est en parfaite cohérence avec une progression de l’emploi relocalisé dans les petites entreprises.

Aujourd’hui, la construction en terre reste logiquement dans le sillon d’une moindre utilisation d’énergie incorporée, d’une très faible émission de gaz à effet de serre, d’une relocalisation de l’économie et d’une fertile intensité sociale. En quelques années, la terre qui n’était dans le bâtiment qu’un matériau « exotique » ou « dépassé », est devenu un solide objet d’intérêt scientifique en même temps qu’un matériau de construction d’avenir.

Avant-propos commun à tous les guides

Les guides de bonnes pratiques1

de la construction en terre crue* sont des documents normatifs*, c’est-à-dire qui « donnent des règles, des lignes directrices ou des caractéristiques, pour des activités ou leurs résultats ». Ils constituent une référence pour l’ensemble des professionnels concernés directement ou indirectement par le bâtiment. Ce sont des textes consensuels issus d’un processus collectif qui a réuni les différents métiers en rapport avec la construction mettant en œuvre les techniques de terre crue utilisées en construction neuve et en restauration de l’ancien2 .

Le matériau terre étant multiple de par la diversité des terres et les techniques de mise œuvre, édicter des règles uniques valables pour tous et partout ne pouvait être la méthode correcte, le savoir-faire étant déterminant. Les praticiens de la construction en terre se sont donc réunis par technique pour exposer leurs bonnes pratiques afin qu’elles servent de référence.

Les guides de bonnes pratiques sont au nombre de six, reprenant six techniques de terre crue en vigueur :

  • les torchis
  • les briques de terre crue
  • le pisé
  • la bauge
  • la terre allégée
  • les enduits en terre

Il est à noter que le guide de bonnes pratiques des enduits en terre concerne les enduits sur supports autres que la paille ou les supports composés de terre crue pour lesquels des Règles Professionnelles existent déjà .

L’objectif majeur des guides est de contribuer à créer des rapports de confiance entre les praticiens – concepteurs, bâtisseurs, ingénieurs, etc. -, et les maîtres d’ouvrages, bureaux de contrôle, assureurs et autres professionnels qui sont parties prenantes dans des ouvrages en terre crue. Les guides peuvent les aider à juger de la qualité des réalisations. Le succès des ouvrages en terre crue tient en effet à la co-réalisation des projets sur la base d’un partenariat établi le plus en amont possible entre leurs différents acteurs.

Dans les cas où les éléments fournis par les constructeurs ne suffisent pas à résoudre des problèmes de conception et de dimensionnement, les guides ont été conçus pour ouvrir la discussion afin d’aider à l’aboutissement des projets.

Ces guides ne sont cependant pas des manuels pédagogiques et ne se substituent ni à une formation, ni à un apprentissage, et la pratique de la matière reste le seul moyen d’acquérir des compétences réelles.

En revanche, afin de ne pas bloquer les innovations, il a été choisi de privilégier l’approche performantielle qui consiste à définir les contraintes auxquelles est soumis l’élément d’ouvrage particulier, puis à concevoir et réaliser celui-ci en fonction. Les descriptions de moyens sont par conséquent soit absentes, soit très généralistes, soit placées en note ou encadré (texte non normatif) afin que ces moyens ne soient pas considérés comme les seules bonnes pratiques au détriment d’autres potentiellement capables d’aboutir au même résultat.

Un guide de bonnes pratiques détermine les performances que doit atteindre un ouvrage contenant de la terre crue et constitue de ce fait une référence pour rédiger un cahier de clauses techniques générales applicables contractuellement.

L’établissement des clauses techniques particulières repose sur la réflexion et l’expérience de la personne responsable de la construction en terre crue et fait l’objet d’une négociation entre les différentes parties intéressées au projet.

Article 1. Domaine d’application

Ce Guide de Bonnes Pratiques étant basé sur une approche performantielle, il permet de prendre en compte la diversité des variantes de construction en bauge qui sont couvertes par le présent Guide.

Par bauge, nous entendons de la terre crue* :

  • mise en œuvre à l’état plastique* pour élever directement un mur,
  • amendée ou non en fibres, dans la mesure où la densité* reste supérieure à 1,3,
  • sans stabilisant d’origine minérale (chaux, ciment).

Est également pris en compte dans ce guide la bauge préfabriquée qui consiste à préparer des levées de bauge non directement en place et à venir ensuite les assembler.

Le présent guide ne couvre pas les ouvrages* enterrés, la bauge ayant un comportement à l’eau ne lui permettant pas de résister correctement à ces contraintes.

Dans les autres cas, même si la présence dans la région d’un patrimoine en bauge est un bon indicateur quant à la convenance de la terre, des professionnels et du climat à cette technique, il est tout à fait envisageable de construire en bauge partout en France, y compris dans les territoires d’outre-mer.

Le type de maîtrise d’ouvrage* (publique ou privée), la destination de l’ouvrage* (notamment les Établissements Recevant du Public) ou la typologie des bâtiments ne changent pas le comportement du matériau et ce Guide est donc clairement à la destination de ces différents cas de figure.

Article 2. Cycle de production de la bauge

2.1 Extraction et préparation

2.1.1 Choix de la terre

La présence de patrimoine en bauge sur un secteur géographique est un indicateur de convenance des terres disponibles localement. Cependant, de très nombreux types de terre peuvent être utilisés pour la réalisation d’éléments en bauge en adaptant la mise en œuvre et la conception de celle-ci en fonction de l’élément d’ouvrage* à produire.

Les terres limono-argileuses sont particulièrement adaptées à la bauge. Mais l’analyse du patrimoine existant montre que le recours à tout type de terre est également possible moyennant une adaptation des ouvrages, des mélanges et de la mise en œuvre.

Seules sont à écarter les terres dont la présence de matière organique est décelable par contrôle visuel ou olfactif et celles ne présentant pas de cohésion*.

NOTE 1 : La présence d’éléments grossiers est rarement problématique le cas échéant la terre peut être tamisée.

NOTE 2 : La présence de matière organique peut être soulignée visuellement par une couleur sombre ou verte et elle est confirmée par une odeur d’humus.

2.1.2 Extraction de la terre

Le choix du matériau pour la construction doit être réalisé par la personne en charge* de la mise en œuvre. Si l’extraction est réalisée par un tiers, la présence du professionnel est recommandée afin de garantir le tri correct des terres.

Les terres à bâtir* peuvent provenir :

  • de terrassements sur le site de construction, de terrassements de chantiers avoisinants ou de terre de découverte de carrière,
  • du lavage des matériaux de carrière,
  • du recyclage d’anciens murs en terre.

En ce qui concerne les terres de terrassements, la couche supérieure du sol, la terre végétale, ne convient pas pour la construction et doit être mise de côté avant l’extraction de la terre à bâtir. La profondeur d’extraction de la terre à bâtir doit être validée par un professionnel compétent.

Dans le cas de terres provenant du lavage de matériaux de carrière, les professionnels compétents doivent s’assurer que les éventuels traitements chimiques utilisés pour faciliter le lavage des matériaux en carrière n’ont pas d’impact sanitaire ou technique lors des phases de mise en œuvre et de vie de service de l’ouvrages*.

Dans le cas du recyclage de terre d’anciens murs, une attention particulière doit être portée sur la présence potentielle de sels due à l’usage de l’ancien bâti. Les parties potentiellement contaminées se situent généralement juste au-dessus du soubassement* et ne doivent pas être utilisées comme terre à bâtir*.

2.1.3 Préparation et stockage de la terre

La terre à bâtir* est mise en œuvre à l’état plastique*. À cette fin, elle peut être laissée dehors afin que les intempéries apportent l’eau nécessaire pour obtenir cet état hydrique. Cela peut également permettre, l’hiver, de briser les mottes grâce au gel.

Une désagrégation* des mottes peut favoriser la pénétration de l’eau dans l’ensemble de la matière lorsque la terre à bâtir* est sèche et/ou très argileuse ou dans le cas du recyclage d’un ancien mur.

NOTE : Dans le cas d’un stockage prolongé, vérifier que la terre ne s’est pas végétalisée.

2.2 Production du mélange de bauge

2.2.1 Composants

2.2.1.1 Eau

La terre est mise en œuvre à l’état plastique* avec de grandes variations à l’intérieur de cet état. Plus la teneur en eau* est importante (plastique mou, voire visqueux), plus le mélange est facile à réaliser, mais moins il est possible de réaliser des levées de hauteur importantes et plus le temps de séchage est long. En outre, il y a plus de tassement et de retrait* ce qui entraîne éventuellement de la fissuration et une matière plus poreuse après séchage et donc moins résistante.

A l’inverse, lorsque la teneur en eau* est faible (plastique ferme, voire humide), la bonne cohésion entre les éléments est plus difficile à assurer.

NOTE : Toute eau exempte de polluants organiques convient pour la confection du mélange de bauge. Les propriétés physiques (pH, forces ioniques, etc.) et les composants de l’eau (sels calcaires, chlore, etc.) influencent l’effet des stabilisants, adjuvants* organiques, sels et cendres sur la bauge si la terre est très argileuse. Mais, en l’état actuel de nos connaissances, ces effets n’ont pas été mesurés.

2.2.1.2 Fibres

La bauge n’est pas nécessairement fibrée. Cependant des fibres peuvent être ajoutées au mélange. Les fibres ont pour rôle :

d’augmenter la cohésion* du mélange de bauge à l’état frais pour faciliter sa mise en œuvre dans le mur,

  • de limiter la fissuration lors du retrait* au séchage,
  • d’augmenter la résistance au cisaillement* du mur et ainsi d’améliorer son comportement mécanique, notamment dans les angles et dans le cadre de contraintes sismiques.

Toutes les fibres végétales sont utilisables quels que soient leur longueur et leur degré de séchage.

NOTE 1 : La paille de blé longue et sèche prédomine du fait de sa disponibilité et de sa proximité. D’autres fibres sont utilisées : paille d’orge, paille d’avoine, paille de lin, chiendent, fenouil, fougères, eupatoire, chanvre, roseau, jonc de marais, iris de marais, ajoncs, etc.

NOTE 2 : l’usage de fibres non végétales ou animales modifie la recyclabilité du matériau.

Les fibres qui présentent des signes de pourrissement avant ajout dans le mélange de bauge sont exclues. La putréfaction entraîne des odeurs, l’apparition de taches dans les enduits, et des baisses de résistance mécanique*. La pourriture se détecte par contrôle visuel (fibres noires ou démarrage de moisissures grises ou blanches) et contrôle olfactif (odeur de champignon, de moisi).

Les quantités de fibres employées sont très variables selon la terre à bâtir* employée et le résultat souhaité.

NOTE 3 : Les teneurs en fibres sont généralement en masse de l’ordre de 1 à 2% du poids de terre sèche.

2.2.1.3 Granulats

Si besoin, les terres à bâtir* très fines peuvent être amendées en granulats* (sables grossiers, graviers) ou mélangées à des terres graveleuses. L’ajout de granulat* :

  • permet de limiter la fissuration lors du retrait* au séchage,
  • joue le rôle de dégraissant* dans le mélange de bauge et par conséquent augmente son ouvrabilité, limite le retrait, mais aussi la cohésion du mélange,
  • augmente la rugosité de la surface des murs pour favoriser l’accroche des enduits.

NOTE 1: Les granulats* biosourcés comme la chènevotte par exemple peuvent également être employées et ont le même effet.

NOTE 2: Les granulats* de pouzzolane et de chènevotte par exemple ont également la propriété d’alléger le mélange.

2.2.1.4 Stabilisants

L’emploi de stabilisants peut augmenter la résistance à l’eau et à l’abrasion des murs en bauge. Les stabilisants végétaux et d’origine animale (ferments, sang, urine, bouse de vache, crottin de cheval) peuvent être utilisés.

Le matériau terre crue est par nature réversible. Il en résulte que les matériaux de construction en terre stabilisée, dont la solubilité dans l’eau ou la résistance sont modifiées par d’autres agents liants ou l’ajout de substances chimiquement actives, ne font pas l’objet de ces Guides

Des essais de convenance en préalable à l’emploi d’un nouveau stabilisant et/ou d’une nouvelle terre doivent être effectués. Il est important de questionner auparavant l’utilité de leur utilisation par rapport aux contraintes réelles subies par l’élément d’ouvrage* et la résistance de celui-ci sans amendement.

2.2.1.5 Impact des proportions des composants

Tableau 1 – Impact du type de terre, de la teneur en eau* et de la teneur en fibres sur le

mélange de bauge

2.2.2 Mélange

Le mélange des différents constituants à l’état plastique* requiert un effort de pétrissage qui peut être réalisé de différentes manières et avec différents outils.

Le mélange est souvent mis en œuvre directement, mais il peut être laissé à reposer avant sa mise en œuvre, pour diminuer sa teneur en eau* ou donner le temps aux argiles* de se réhydrater.

NOTE : En cas de correction granulaire et/ou d’ajout de fibre, la terre est mélangée aux granulats* minéraux puis à l’eau et enfin aux fibres

Les principaux modes de mélange sont détaillés ci-après à titre informatif.

Piétinement

Le mélange est piétiné à même le sol ou sur des panneaux puis ramené et/ou retourné. Il peut également être opéré sur une bâche qui permet de ramener et retourner le mélange plus facilement.

Le piétinement est parfois réalisé par des animaux (cheval de trait).

Rendement : 1 à 2 m3

par jour au pied suivant la dureté* du mélange.

Type de mélange : Possibilité de faire des mélanges très durs.

Général: Tous mélanges possibles.

Malaxeur à hélice

Il s’agit de malaxeurs portatifs équipés d’une ou deux pales hélicoïdales. Il est préférable d’avoir 2 pales pour les mélanges plastiques* qui sont alors assez aérés. Le mélange est réalisé dans un contenant indépendant.

Rendement : 1 à 3 m3

par jour suivant la dureté* du mélange.

Type de mélange : Mélange aéré mais potentiellement assez ferme. Mélange des fibres très complexe voire impossible.

Général: Portatif et polyvalent.

Bétonnière

Une cuve sur laquelle sont fixées des pales tourne sur un axe incliné. La terre est mélangée par retournement. Ces malaxeurs sont très adaptés pour le béton et peuvent être utilisés avec une terre très mouillée (visqueux).

Rendement : 2 à 5 m3 par jour suivant la capacité.

Type de mélange : Mélange très mou voir visqueux.

Difficulté à mélanger les fibres.

Général: Peu coûteux et polyvalent mais nécessite de fortes teneurs en eau*.

Malaxeur à cuve verticale

Des pales sont fixées sur un axe vertical qui tourne dans une cuve. Parfois les pales sont fixes et la cuve tourne. Il peut être important d’avoir un système de réglage des pales afin de s’adapter au type de terre et à sa teneur en eau*.

Rendement : 5 à 20 m3

par jour suivant la capacité de la cuve.

Type de mélange : Mélange humide, plastique mou* et visqueux. Pas de mélange plastique ferme*. Le fibrage peut être délicat suivant pales et types de fibres. Dans le cas du pétrin (crochet de malaxage), il est possible de faire des mélanges fermes mais le malaxeur n’accepte aucun caillou.

Général: Peu coûteux et polyvalent dans la mesure où ils sont utilisés dans la filière béton et peuvent être facilement trouvés d’occasion.

Malaxeur à cuve horizontale

Les pales (sans couteaux) sont fixées sur l’axe horizontal qui tourne dans la cuve. Le mélange est écrasé sur les parois et se fait en retombant dans la cuve. Rendement : 5 à 20 m3 par jour suivant la capacité de la cuve.

Type de mélange : Mélange liquide à dur. La rapidité de l’évacuation est facilitée par une inclinaison de la machine posée sur cale et cric. Le fibrage à 10cm maximum facilite le mélange.

Général: Matériel d’occasion assez disponible.

Malaxeur continu à palette

Ce type de malaxeur est composé de 2 axes à palettes qui poussent la matière et l’écrasent. Ce type de malaxeur est utilisé dans la filière terre cuite (poterie, briques et tuiles) pour réaliser des mélanges plastiques très fermes*.

Rendement : Jusqu’à 20 m3 par jour

Type de mélange : Tout mélange plastique*, même ferme. Fibrage parfois délicat.

Général: Mélanges durs possibles mais déplacement difficile.

Godet malaxeur

Des pales hélicoïdales sont montées sur un axe horizontal qui tourne à l’intérieur d’une cuve. Cette cuve peut être fixée au bras d’un engin de levage, ce qui permet d’amener le mélange sur le lieu de sa mise en œuvre.

Rendement : Jusqu’à 20 m3 par jour

Type de mélange : Mélange mou et peu homogène.

Difficulté à mélanger les fibres. Sauf si les pales se rapprochent plus de celles que l’on trouve dans les malaxeurs à cuve horizontale

Général: Fonctionne mal pour ce type de mélange

Engins de creusage/levage

Écrasement avec tracteur équipé d’un chargeur, minipelle, tractopelle, pelleteuse.

Sur une dalle ou sur le sol directement, le mélange peut être écrasé par le déplacement des roues de l’engin, puis si besoin retourné avec le chargeur pour être de nouveau écrasé. Le godet rétro permet aussi de creuser directement la terre à bâtir*, et réaliser le mélange dans un trou en écrasant la matière. Le chargeur permet d’acheminer les mélanges à proximité du mur, voire directement au-dessus du mur.

Rendement : 5 à 50 m3 par jour

Type de mélange : Mélange mou à ferme. Peut casser les fibres

Général : Outil polyvalent. Rendement important mais nécessite une zone/surface adéquate

Autres malaxeurs

D’autres types de matériels agricoles sont parfois utilisés, généralement en raison de leur présence et de leur polyvalence : malaxeur à queue de cochon, chargeur avec godet à griffes, autre malaxeur à fourrage, rotavateurs, épandeurs à fumier.

2.3 Analyse et préparation du support en restauration

Dans le cadre d’une restauration, de multiples paramètres peuvent être analysés, contribuant à la compréhension du fonctionnement actuel du bâti et des désordres potentiels. Les principaux sont :

  • l’environnement : apports d’eau et drainages*, vent dominant et protection au vent,
  • l’équilibre du bâti : système constructif, ouvertures, charpentes, dallages,
  • les modifications : rajout d’un bâtiment, fosse, trottoir, drainage*,
  • les pathologies du bâti : usure, érosion, fissures,
  • les désordres liés à la mise en œuvre.

Avant d’entamer la réparation d’un mur en bauge, les éventuelles causes de pathologies doivent être traitées en premier et aucune autre intervention ne doit être réalisée avant que l’effet du traitement de ces pathologies ne soit stabilisé.

Dans un second temps, il faut s’assurer de la bonne cohésion* des parties rajoutées avec les parties anciennes. Il s’agit d’enlever ou refixer les parties instables, dépoussiérer les surfaces et préparer les interfaces en humidifiant la surface et/ou en appliquant un gobetis de terre.

Il est parfois nécessaire de retailler, recouper le mur pour retrouver une assise horizontale ou créer une forme d’ancrage par exemple dans le cas des fissures. La mise en place de pièces de bois (pinoches*) peut renforcer cette liaison entre parties anciennes et parties neuves.

2.4 Mise en œuvre

2.4.1 Préparation des éléments

Le façonnage d’éléments à partir du mélange peut servir à donner de la cohésion* à la matière et à faciliter le transport de la terre jusqu’au mur.

La préparation des éléments peut se faire :

  • à la main : boules,
  • à la fourche, à la bêche, au racloir, en découpant les éléments dans le mélange étalé au sol : caillebotis, pâtons, gazons,
  • à la pelle mécanique.

La forme la plus classique d’élément à partir du mélange est une galette de 20 à 30 cm de côté par 5 à 10 cm de hauteur. Toutefois les formes réalisées sont variables et dépendent du mode de préparation, du mode de transport jusqu’au mur et de l’assemblage qui sera réalisé.

Les éléments peuvent être claqués et retournés ou lissés en compressant pour assurer une bonne cohésion* de la motte.

2.4.2 Bauge préfabriquée

Si les éléments sont séchés avant leur mise en place, il s’agit normalement de la technique de l’adobe. Cependant, quand ces éléments sont de grande taille et réalisés selon la technique de la bauge, leurs dimensions importantes nécessitent une manutention par des équipements de levage. Dans ce cas, nous parlons de bauge préfabriquée.

2.4.3 Bauge coffrée

La technique de la bauge ne requiert généralement pas de coffrage. Cependant l’utilisation d’éléments de coffrage peut permettre de supprimer la phase de recoupe de la bauge.

(la suite du document voir le fichier PDF)


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Terre damée (pisé)

Au sommaire:

Préambule commun à tous les guides
Avant-propos commun à tous les guides
Contributeurs
Article 1Domaine d’application
Article 2Cycle de production de la bauge
Extraction et préparation
Choix de la terre
Extraction de la terre
Préparation et stockage de la terre
Production du mélange de bauge
Composants
Mélange
Analyse et préparation du support en restauration
Mise en œuvre
Préparation des éléments
Bauge préfabriquée
Bauge coffrée
Transport de la matière sur le mur
Assemblage entre éléments
Dimensions du mur, d’une levée
Parement et séchage
Parement
Triquage*
Protection
Séchage
Article 3Éléments de dimensionnement
Réactions à l’eau
Caractéristiques hygrothermiques*
Comportement au feu
Combustibilité
Tenue au feu
Coupe-feu
Comportement hydro-mécanique
Évolution de la résistance mécanique*
Caractéristiques mécaniques
Vérification de la portance d’un mur
Dimensionnement des surfaces d’appui
Stabilité
Élancement*
Augmentation de la stabilité par l’emprise au sol
Augmentation de la stabilité par les planchers et toitures
Résistance aux poussées* latérales
Article 4Détails techniques
Assise de l’élément d’ouvrage
Contraintes mécaniques*
Gestion de l’eau
Élévations et hauts de murs
Contraintes mécaniques*
Gestion de l’eau
Ouvertures et franchissements*
Contraintes mécaniques*
Gestion de l’eau
Annexe
Bibliographie
Glossaire de la construction en terre crue
Procédure de révision



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Taille du fichier : 7.27 MB
Nombre de pages : 198 pages
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